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Midgard State
13 mars 2005

Le manifeste du mouton

Avoir une réflexion sur la société de consommation c'est bien. Essayer de prendre du recul, de s'arrêter cinq minutes sur le bord du chemin pour mieux cerner la situation, c'est chouette. Mais se servir de la cause anti-pub, par exemple, pour s'imaginer faire parti des Justes, et devenir un donneur de leçon, c'est lourd, proférer sans cesse des sentences cyniques, c'est de la paresse intellectuelle. On retombe dans l'excès inverse: si la publicité nous prend très souvent pour des cons, il arrive aussi que ceux qui sont censé nous fournir un discours différent (comme certains anti-pubs) fassent de même. Par une illumination soudaine, certains ont trouvé là une cause à défendre et s'estime sur le chemin de la Vérité, on entend même clamer ici où là le mot « liberté », comme si éteindre sa télé faisait tout à coup de nous des hommes libres. On est toujours le mouton de quelqu'un d'autre! Le discours consistant à expliquer aux gens qu'ils sont des moutons est vite rébarbatif et demande peu d'efforts.

Les gens sont certes fatigués du harcèlement publicitaire, de la confusion de la valeur et du prix, de la marchandisation implacable de tous les domaines, mais ils en ont surtout marre qu'on les prennent pour des cons, et de constater que les soi disant bergers bienfaiteurs qui prétendent sortir la plèbe de sa fange s'avèrent une simple variante de plus d'une volonté de gratification narcissique, visant plus à la satisfaction de leur ego qu'au bien être de ceux à qui ils s'adressent. Il est usant de sentir qu'on sort à chaque fois d'un système de dominance pour entrer plus aveuglément dans un autre système de dominance. La démarche visant à faire prendre conscience des dérives économiques, et à essayer de recréer ou de conserver un espace libre pour la culture et la morale est un contrepoids indispensable aux transformations fulgurantes de nos sociétés fondées sur l'économie de marché, mais être un homme libre, c'est bien plus que se lever de son canapé pour éteindre son téléviseur, c'est bien plus que lutter contre la société de consommation de masse et ses promesses illusoires. En admettant que l'homme soit effectivement capable d'atteindre cet idéal de liberté, ce qui me paraît très optimiste. Mais au moins doit-il essayer d'y tendre autant qu'il le peut. Et sa première mission pour arriver à cela, c'est arrêter de cacher des motivations personnelles derrières des grands discours, et qui ne sont la plupart du temps qu' un prétexte pour satisfaire un besoin de domination et conjurer sa propre impuissance (source de stress voire de mal être étant donné le fonctionnement biologique de notre cerveau) en reproduisant sur autrui le schéma de domination duquel on est soi même victime. En d'autres termes, si on se sent pris pour un con, il faut trouver le moyen de prendre les autres pour des cons. Question d'équilibre mental. La première tentative pour accéder à une certaine forme de liberté serait de faire ce qui est en notre pouvoir pour tâcher d'échapper à ce mécanisme.

pong

 

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Commentaires
K
c'est vrai que j'ai changé de point de vue dans "petite mise au point" parce que je venais de trouver grâce à toi un contre-exemple (recherche de la vérité) à ma pensée de départ selon laquelle le schéma s'applique dans toute les situations. J'ai donc restreint le contexte aux relations humaines. <br /> Relis le commentaire "petite mise au point" et ceux qui suivent. <br /> <br /> "si ce schéma est inéluctable, il n'y a pas de liberté.<br /> s'il ne l'est pas, il y a possibilté de liberté."<br /> <br /> Je ne pense pas mais c'est lié à l'intuition que j'ai du mot liberté, intuition que j'aurai du mal à expliquer car je suis un peu dépassé. <br /> <br /> Je n'ai maintenant plus grand chose à dire, donc je vai m'arrêter là sinon tout ça va me dépasser.
P
il s'agit là de questions difficiles: qu'on soit clair, je n'affirme ni que la liberté est possible ni qu'elle est impossible, il y 2000 ans de philsophie avant moi qui ont tâché de répondre à cette question, et les réponses restent variées. Mon prochain texte va mettre en avant ce qui me parait cependant important: l'incompatibilité de la Liberté et des déterminismes. je le posterais aujourd'hui ou demain, tout sera peut être plus clair(c'est pas gagné).
P
l'exemple de l'inconscient était une hypothèse, un parrallèle pour te montrer un exemple de détermisne total (le mot tout-déterminisme n'existe pas, je voulais dire: considérer que le schéma biologique est inéluctable). si tu admets (même si c'est faux, la question n'est pas là) que tes pulsions inconscientes dirigent entièrement tes actions conscientes, il n'y a pas de liberté, c'est de la déduction pure et simple. <br /> <br /> ensuite, tu as changé de point de vue, alors il faut accorder nos violons. auparavant, tu disais qu'on ne pouvait pas sortir du schéma biologique, pas même en admettant qu'on était compris dedans (ce que je j'admettais dans mon premier commentaire), et maintenant tu dis que la pensée peut s'en échapper (en disant qu'elle peut avoir une finalité propre, non conditionnée par les déterminismes.)<br /> <br /> enfin il n'y a pas de degré "d'inéluctabilité", un schéma est inéluctable ou ne l'est pas, et tout le débat ce joue là dessus. c'est toi qui le présente comme inéluctable depuis le départ en attaquant le premier commentaire "preums", de façon d'ailleurs intelligente.<br /> <br /> ensuite, non, je n'ai pas compris ce que tu voulais dire: si tu penses qu'un schéma est inéluctable, il s'agit bien (du moins pour celui qui la prononce) d'un vérité absolue, puisqu'on ne peut pas la remettre en cause.<br /> <br /> si ce schéma est inéluctable, il n'y a pas de liberté.<br /> s'il ne l'est pas, il y a possibilté de liberté.<br /> <br /> ensuite seulement, il faut examiner s'il est possible d'atteindre une forme de morale sans liberté,ce qui est un autre débat. mais une vraie morale, dire que quelque chose est bien ou mal, suppose une notion de vérité (absolue, puisque qu'une vérité relative n'en est pas une! uen vérité est forcément absolue. sinon ce n'est pas une vérité). donc la moralité est lié à la vérité (puisqu'il faut décider de façon objective ce qui est bien ou mal)<br /> <br /> <br /> alors soit on décide que le shéma de gratification est impossible à éviter, quelque soient nos comportements, <br /> soit on se demande si certaines situations ne permettent pas d'échapper à ces déterminismes. <br /> dans le second cas, le débat revient au début des commentaires, avec toutes mes réflexions sur la liberté et mes exemples. <br /> <br /> j'ai déjà exploré dans mes commentaires les deux hypothèses, et je ne suis pas capable d'aller plus loin dans ma pensée.<br /> <br /> il n'empêche que le déterminisme tel que tu le concevais au départ (c'est à dire en me déclarant toujours sujet à ma volonté de gratification) interdit toute liberté de pensée. Il faut que tu te pénétrent de cette idée, sinon on va tourner en rond, ou alors que tu me démontres qu'elle est fausse.<br /> <br /> si tu admets que ces déterminismes sont dépassables par la raison, alors peut être que mon premier commentaire faisait partie de ces pensées qui échappent à la gratification, mais c'est une porte de sortie que tu m'as refusé (peut être à raison).<br /> <br /> bref, je te trouves un peu contradictoire, et je suis incapable de faire avancer plus le débat, qui ne peut que revenir sur ce qui a déjà été dit, il me semble.
K
"d'un point de vue logique, le tout-déterminisme est incompatible avec une quelconque liberté. C'est comme si je te disais : l'inconscient est à l'origine de TOUS mes comportements, mais je suis tout de même libre. ce n'est pas possible."<br /> Qu'appelles-tu le tout-déterminisme ? la comparaison qui suit ne m'avance pas plus puisque l'hypothèse est fausse ou incomplète. Tu decvrais être d'accord pour dire que dans chacun de nos comportements il y a une part de conscient et d'inconscient, non ?<br /> <br /> <br /> "A quoi sert de prendre en compte les réflexions conscientes si tu admets qu'elles ne sont que la conséquence de la volonté de gratification, et qu'elles n'ont qu'un seul but, nous gratifier? elles ne contiennent plus de mystères sous cet angle, elles ne sont plus qu'un MOYEN d'obtenir quelque chose."<br /> Je ne pense pas qu'elles n'aient qu'un seul but, peut-être même que la gratification n'est pas tout le temps le but principal. Et je place bien sur la recherche de la vérité ou la curiosité en dehors de ce shéma de gratification alors que ce sont des réflexions conscientes. Ce cas implique donc un certain mystère.<br /> <br /> <br /> "enfin, dire que ce schéma biologique est inéluctable, c'est bien en faire une vérité ABSOLUE, non pas par prétention, mais simplement parceque d'un point de vue philosophique, une vérité inéluctable ou absoluee sont deux choses identiques. Kant appelle cela le principe de "nécessité". si tu penses qu'une idée est inéluctable, c'est qu'aucune remise en cause n'est possible, qu'elle n'est donc pas relative, qu'elle est donc absolue. il faut prendre ce terme dans son sens mathématiques en quelque sorte, à savoir comme un repère auquel on n'a pas le droit de toucher. (ce repère que certains appellent du coup dieu)<br /> <br /> C'est ce que j'ai tendance à penser, mais cet absolu se limite pour moi à des situations où les hommes se confrontent. Elle est inéluctable dans un certain contexte : elle n'est donc pas absolue. Donc j'emploie mal le mot au sens philosophique, mais je pense que tu as compris ce que je voulais dire.<br /> Maintenant je veux bien changer d'avis, où plutôt restreindre ce "champ d'inéluctabilité" si on me donne des contre-exemples dans un contexte de relations humaines.
P
oulah, j'ai bien relu, il ya beaucoup d'idées. alors soyons méthodiques.<br /> <br /> 1) effectivement je suis globalement très sceptique sur l'idée de liberté, puisque que ça m'amène à intégrer comme existant la notion d'absolu, que je ne parviens pas à démontrer réellement. Or, admettre l'absolu ça n'est pas rien, pire: ça débouche très vite sur l'idée d'une âme ou d'une essence divine (j'y reviendrais un jour ou l'autre)<br /> <br /> 2)une morale "commune" ne peut pas être "personnelle", une morale ne peut pas être relative, sinon ce n'est plus une morale, mais une infinités de points de vues nuancés (ou pas) et divergents entre les citoyens d'une société. Elle est soit commune à tous (universelle et nécessaire donc absolu), soit personnelle (relative donc inexistente en tant que morale au sens du bien et du mal). <br /> <br /> 3)les déterminismes biologiques, si tu dis que 100% des comportements lui sont dus, ne peut pas être compatible avec une morale ou avec la liberté. tu considère en effet à ce moment là que CHACUN de tes agissments n'est que la CONSEQUENCE d'échanges moléculaires, en vue de te maintenir en vie. Si nos comportements ne sont que des conséquences, il n'y a pas liberté (cf socrate si tu nous regardes et sa réflexion sur la biologie selon anaxagore). ou alors il te faut admettre qu'il est POSSIBLE, dans une certaine mesure d'y échapper. <br /> <br /> d'un point de vue logique, le tout-déterminisme est incompatible avec une quelconque liberté. C'est comme si je te disais: l'inconscient est à l'origine de TOUS mes comportements, mais je suis tout de même libre. ce n'est pas possible.<br /> <br /> 3)A quoi sert de prendre en compte les réflexions conscientes si tu admets qu'elles ne sont que la conséquence de la volonté de gratification, et qu'elles n'ont qu'un seul but, nous gratifier? elles ne contiennent plus de mystères sous cet angle, elles ne sont plus qu'un MOYEN d'obtenir quelque chose.<br /> <br /> 4)enfin, dire que ce schéma biologique est inéluctable, c'est bien en faire une vérité ABSOLUE, non pas par prétention, mais simplement parceque d'un point de vue philosophique, une vérité inéluctable ou absoluee sont deux choses identiques. Kant appelle cela le principe de "nécessité". si tu penses qu'une idée est inéluctable, c'est qu'aucune remise en cause n'est possible, qu'elle n'est donc pas relative, qu'elle est donc absolue. il faut prendre ce terme dans son sens mathématiques en quelque sorte, à savoir comme un repère auquel on n'a pas le droit de toucher. (ce repère que certains appellent du coup dieu)<br /> <br /> maintenant, je ne sais pas si le raisonnement sur l'obtention de la vérité absolue en admettant le côté implacable des déterminisme possède un sens... c'est peut être un simple exercice rhétorique.<br /> mais on peut avancer, si on est métaphysicien, que c'est peut être là un indice du pouvoir immense de la raison, qui agirait alors de façon indépendante du corps (de son propre chef, sans s'occuper des déterminismes de l'inconscients ou de la biologie). d'où l'idée d'une âme qui est souvent associé à l'absolu. d'où l'idée d'une âme indépendante du corps.<br /> <br /> je répète à propos que je suis athée, que j'ai plutôt l'impression que la liberté est une illusion, que l'absolu est une chimère, que l'âme n'existe pas et qu'il est impossible de fonder une morale. mais ce ne sont que des intuitions...pour l'affirmer, il faudrait que je démontre que l'absolu est indémontrable, et c'est pas facile (c'est ce qu'a fait kant, mais il est pas très facile à lire!)
Midgard State
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