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Midgard State
10 février 2005

Le dernier trappeur

Dans le "dernier trappeur" ce n'est pas l'homme le maître du jeu, c'est la nature, et c'est le thème de l'harmonie avec « notre » environnement qui est exploré. Ce sont les silences qui sont le plus riches d'enseignements; une sagesse précieuse irrigue les images, incitant le spectateur à ne pas aller vers les choses, mais à les laisser pénétrer son regard et son âme, les laisser « prendre de nous » . Les premières plans du film sont saisissants de beauté, et au fur et à mesure que s'installe leur poésie, ces paysages prennent des airs de paradis perdu. la sensation d'exotisme et de dépaysement laisse vite place à un étrange sentiment d'intimité avec ces reliefs, dont il émanent un langage qui nous semble lointain et pourtant familier, une calligraphie d'éther au parfum entêtant. On se coule dans les lignes de mouvements de la nature, qu'elle se fasse sauvage ou maternelle, avec ses colères et ses silences glacées, et c'est de là que vient ce lien si fort que l'on tisse avec elle et le héros . Il ne lui est ni soumis ni opposé, leurs essences sont intimement mêlées, et la frontière entre la conscience et l'extérieur semble abolie. Le présent acquiert une intensité rare, il cesse d'être ce pont insaisissable entre le passé et le futur pour devenir la seule règle tangible de cet univers. Alors que dans notre vie de tous les jours, l'instant paraît une prison de verre tendant compulsivement vers un avenir fantasmé, le présent ici semble ne tendre à rien d'autre qu'à lui même, et chaque chose semble murmurer la délicieuse immanence de cet éphémère perpétuel. L'homme agit comme le vent qui souffle ou hurle sur ces paysages, lové, happé dans la totalité du moment. On découvre dans le changement et le mouvement, dans la danse de la vie et de la mort, quelques perles d'éternité, dont l'arôme sera parvenu au spectateur qui se fait le serment de ne pas l'oublier. Dans la frénésie et le fracas de notre vie contemporaine, où la pensée est une interminable fuite en avant, ou l'art crie le supplice de la conscience de soi, on vient de recevoir une belle leçon d'être.

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