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Midgard State
9 février 2005

Comment faire pour vendre du bonheur ?

 

Dans la lutte intestine de TF1 en particulier et des médias en général cherchant sereinement à parachever une logique mercantile, un nouvel aspect s'est découvert sous la forme, déjà entamée par le journal de 13 heures de la première chaîne française, du retour aux traditions, et de l'époque bénie où « tout allait bien ». Bien entendu cette expression pleinement fallacieuse et peu justifiée au niveau international, représente une sorte de paradis perdu, de parenthèse onirique augurant une chute irrémédiable. Le plus amusant, si l'on peut dire, est, qu'au niveau médiatique, ce sont ceux qui accusent qui demeurent les vecteurs de cette pseudo dépréciation générale paradoxalement ciblée. Donc, par le biais d'une émission sobrement nommée « C'était mieux avant » ou une vérité assénée correspondant à peu près à ceci, les financiers/producteurs de TF1 ont décidé d'un commun accord d'effectuer un comparatif subtil entre certaines caractéristiques d'aujourd'hui et d'autres du passé. Curieux divertissement, programme simple et amusant pourrait-on se dire, si seulement ses bases ne faisaient pas appel à une logique relativement contestable. En effet, une telle diffusion de prime abord innocente cache en son sein un raisonnement double aboutissant à une même finalité, donnant l'illusion d'un choix conscient. Pour résumer, une question aux allures de «Etait-ce davantage sympathique hier ? » fait écho à deux réponses, une positive, et une négative. N'espérons pas de mesure, ni d'argumentation. On se retrouve par conséquent deux pistes à décortiquer.

La première s'apparente à une déclinaison partant du principe qu'effectivement le temps passé était plus vivable, plus amusant, bref moins tragique (à défaut des guerres quasi mensuelles qui s'évanouissent un tant soit peu rapidement des esprits) et que l'on avait accès à un bonheur aisé et un bien-être conséquent. Ne pouvant plus avoir accès à cette époque et étant désespérément coincé dans ces temps de monotonie, que faire ? Et bien tout simplement revenir virtuellement dans ce passéisme actif en consommant des produits « de notre enfance », de « vraie tradition », et « sans adjonctions ». En résumé, les produits à la mode en ce moment. D'où la présence peu naïve de publicités vantant de tels biens pendant les « entractes » de l'émission en question.

La seconde quant à elle, plus positive et optimiste, enjoint à profiter du moment présent, de se sentir fier de bénéficier d'évolutions majeures, et de découvrir la joie immédiate d'un monde à portée de main. Pris dans ce tourbillon festif, l'aboutissement possède des faux airs de consommation en hausse, motivée par toutes les voies et les disponibilités entrevues parle biais d'une modification dont on avait peut-être pas saisi l 'ensemble des ramifications. Mettre en exergue de l'inutile, et démontrer des mœurs changeantes dans le but non avoué de transformer les besoins des ménages en arguant dans le sens de certaines niches commerciales étant maintenant dévolues au sexe opposé grâce à cette nouvelle société. Maintenant les hommes font la vaisselle, ce qui implique logiquement que les éponges « pour femme » (concept totalement inventé) ne conviennent pas à leurs mains plus imposantes. TF1 se fait donc le complice d'un retournement de situation de la mise en place d'un marché berçant les acheteurs d'illusions afin de retrouver une certaine forme. Faire passer une prise de conscience pour une révolution, sous entendant une radicale non conformité totale des structures présentes. Tels un VRP en cuirasse muni d'une hallebarde, les spots de pub se succèdent alors, comme dit précédemment, au gré du divertissement. Bien entendu les traces d'assurances ou d'un minimum d'inventivité s'estompent, laissant une place chaude pour l'efficacité aux relents de matraquage. De ce fait, les deux voies choisies aboutissent au même constat, l'achat, non pas compulsif, mais suggéré habilement. Le public ne peut s'en sortir qu'en ayant un minimum de recul. Mais celui-ci n'aurait-il déjà pas du le ressentir lors du choix du programme télévisée ? Décidément, le mercredi soir sur TF1 est bien triste, ne laissant pas une marge de manœuvre suffisante dans le choix d'une émission occupant l'antenne depuis plus d'une semaine à intervalle régulier grâce à l'auto-promotion. Reste maintenant à savoir combien les diffuseurs ont été sommés de payer leurs 30 secondes salvatrices ? Cela est une autre histoire, dans un semblable livre de conte un peu trop mielleux.

 

Un couple uni se demandant quoi acheter pour manger en regardant des publicités sur la nourriture

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